Comment un bal de village a viré au drame : retour sur le meurtre de Thomas à Crépol
Le samedi 18 novembre 2023, une fête communale organisée à Crépol, un petit village de la Drôme, a été le théâtre d’une violente agression qui a coûté la vie à Thomas, un adolescent de 16 ans. Neuf personnes, soupçonnées d’appartenir à un groupe d’ultra-droite, ont été interpellées après avoir pris la fuite. Que s’est-il passé cette nuit-là ? Quel est le profil des suspects ? Quelles sont les réactions des autorités et des proches de la victime ? Voici ce que l’on sait sur cette affaire qui a choqué la France.
Une tentative d’intrusion qui dégénère
Tout commence vers 2 heures du matin, alors que le comité des fêtes de Crépol, un village de 500 habitants situé à une vingtaine de kilomètres de Romans-sur-Isère, organise un bal accessible sur inscription. Selon le procureur de Valence, Laurent de Caigny, au moins une dizaine de jeunes tentent de s’introduire dans la salle sans invitation. Un agent de sécurité qui filtre les entrées s’oppose à eux et reçoit un coup de couteau. Plusieurs personnes qui participent à la soirée viennent lui porter secours et sont également blessées à l’arme blanche. Parmi elles, Thomas, un lycéen de 16 ans, qui succombe à ses blessures malgré l’intervention des secours. Au total, dix-sept personnes sont touchées par cette attaque, dont trois grièvement.
Voici une vidéo relatant ces faits :
Des suspects liés à l’ultra-droite
Les agresseurs prennent la fuite en voiture avant l’arrivée des gendarmes. Grâce aux témoignages, aux images de vidéosurveillance et aux données téléphoniques, les enquêteurs parviennent rapidement à les identifier et à les localiser. Le mardi 21 novembre, sept suspects sont interpellés près de Toulouse par le GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie. Parmi eux, le principal suspect du meurtre de Thomas, un individu âgé de 20 ans, né à Romans-sur-Isère et demeurant dans le centre de la ville drômoise. Deux autres suspects sont arrêtés le même jour à Romans-sur-Isère. Selon le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, les suspects sont liés à un groupe d’ultra-droite qui se revendique du nationalisme révolutionnaire. Ils auraient agi par « haine » et par « volonté d’ensauvagement ».
Une émotion nationale
L’affaire suscite une vive émotion dans tout le pays. Le président de la République, Emmanuel Macron, exprime sa « profonde tristesse » et son « soutien » aux proches de la victime. Il dénonce un « acte barbare » et promet que « toute la lumière sera faite » sur les circonstances du drame. Le Premier ministre, Jean Castex, se rend sur place le lendemain du meurtre et rend hommage à Thomas, qu’il qualifie de « jeune homme exemplaire ». Il annonce également le renforcement des moyens de lutte contre les groupuscules extrémistes. De nombreux rassemblements silencieux sont organisés dans plusieurs villes pour rendre hommage à Thomas et dénoncer la violence et l’intolérance. À Crépol, une marche blanche réunit plus d’un millier de personnes qui déposent des fleurs et des bougies devant la salle des fêtes où a eu lieu le drame.